2022 a été un moment décisif pour la gouvernance des flux migratoires, alors que la guerre en Ukraine et ses répercussions ont déclenché des niveaux de déplacement jamais vus depuis la Seconde Guerre mondiale, rapprochant le nombre total de réfugiés des chiffres des années 2015-2016. D'autres régions de destination ont également connu des évolutions similaires tout au long de l'année.
En revanche, comme l'observe la récente publication de l'ICMPD intitulée Migration Outlook, l'année 2022 a également été marquée par une solidarité sans précédent de la communauté internationale envers l'Ukraine.
Par ailleurs, en ce qui concerne la migration liée au travail, les partenariats migratoires récemment annoncés entre les États membres de l'UE et les pays tiers, pourraient donner des résultats prometteurs dans les années à venir.
A la lumière de ces développements dans l'espace européen et profitant de l'opportunité offerte par la nouvelle année, nous avons analysé notre portefeuille global de projets ou "Actions" en cours à travers un nouveau regard.
2022 : une année de bouleversements multiples du système
Les conflits et l'instabilité économique représentent certains des principaux moteurs de la mobilité humaine. Toutefois, 2022 a montré comment d'autres éléments déclencheurs peuvent jouer un rôle majeur lorsqu'ils s'ajoutent aux tensions politiques : l'insécurité alimentaire, les perturbations de la chaîne d'approvisionnement et les changements climatiques.
La guerre en Ukraine
En parallèle des déplacements massifs de ressortissants ukrainiens, la mobilisation ordonnée par le gouvernement russe, ainsi que la détérioration du conflit en cours, ont entraîné un exode important de ressortissants russes vers l'Arménie et les pays d'Asie centrale, à la recherche d'opportunités d'emploi et d'une réinstallation permanente.
Cela représente une inversion des flux migratoires traditionnels dans la région, qui allaient traditionnellement de l'Asie centrale vers la Russie.
Avec notre action au Kirghizstan sur la mobilité de travail, en cours depuis juin 2021, nous appuyons déjà le gouvernement dans le renforcement de ses capacités à mieux protéger les droits des travailleurs migrants, en établissant les bases d'une future politique de migration de travail solide et fondée sur les droits humains et adaptable aux changements de contextes migratoires.
Plus de 5 millions d'Ukrainiens, en particulier des femmes et des enfants, ont fui vers d'autres pays européens. Les pays du Partenariat oriental, notamment la Moldavie, ont été parmi les plus touchés par cet afflux de réfugiés.
Dans ce pays, MIEUX+ travaillait déjà avec le Ministère de l'Intérieur avant le conflit pour développer un manuel pratique et une formation sur le suivi et l'évaluation de de la politique de gestion intégrée des frontières. Cette action fait partie d'un effort plus large des autorités moldaves pour développer un système de gestion des frontières complet et intégré, assurant à la fois la sécurité nationale et la collaboration et l’intégration opérationnelle entre les institutions nationales et européennes.
La guerre en Ukraine a aussi remis la protection des citoyens vivant à l’étranger dans les priorités politiques de pays partout dans le monde. En 2023, MIEUX+ poursuivra également sa collaboration avec les autorités partenaires de la République Démocratique du Congo sur un projet axé sur la gestion des congolais de l’extérieur et la protection et l’assistance consulaire des ressortissants vivant à l’étranger.
La sécurité alimentaire et la crise des chaînes d'approvisionnement mondiales
Un autre facteur de déstabilisation est lié à l'insécurité alimentaire et les perturbations des chaînes d'approvisionnement - ainsi enrayée par l'agression russe contre l'Ukraine.
En Afrique, nos partenaires du Secrétariat de l’organisation COMESA avaient déjà observé et souhaité agir sur les effets négatifs de la crise sanitaire deCOVID-19 sur le commerce transfrontalier.
Cela a donné lieu à un projet qui a aidé le Secrétariat à adopter de nouvelles lignes directrices pour gérer la circulation des personnes, des biens et des services dans des situations complexes telles que la fermeture d'entreprises, la perturbation de la production agricole et la perte d'emplois et de revenus.
Les chocs économiques mondiaux associés aux déséquilibres démographiques, aux niveaux élevés de criminalité et à l'insécurité générale ont également un fort impact sur la région Amérique latine et Caraïbes.
Par exemple, le profil migratoire du Costa Rica a été influencé pendant des années par la détérioration des conditions socio-économiques et politiques dans des pays comme la Colombie, Cuba, le Nicaragua et le Venezuela, ce qui a entraîné l'arrivée de migrants économiques et de demandeurs d'asile.
Le thème de l'intégration occupe une place importante dans l'agenda politique du pays depuis un certain temps. Dans ce contexte, et suite à de précédentes interventions dans ce domaine, nous allons finaliser notre projet en cours et soutenir la rédaction de la prochaine phase du Plan national d'intégration (PNI) 2023-2027 du Costa Rica avec la Direction générale de la migration et de l'immigration.
Le changement climatique
Dans la région de l'Amérique latine et des Caraïbes, la dégradation de l'environnement, causée par le changement climatique, les catastrophes naturelles et les facteurs anthropiques, a entraîné des déplacements humains importants dans la région du Gran Chaco ces dernières années. Avec divers partenaires (autorités gouvernementales, organisations de la société civile et universitaires), les experts de MIEUX+ élaboreront des solutions pour gérer les flux migratoires dans cette région de manière sûre et organisée.
Que nous réserve l'année 2023 ?
La guerre en Ukraine, la crise mondiale de l'approvisionnement et les difficultés économiques continueront d'être parmi les principaux moteurs des flux migratoires cette année.
Les États membres de l'UE peuvent encore façonner l'avenir des flux migratoires en finalisant le Pacte européen sur les migrations et l'asile, ainsi qu'en créant de nouveaux partenariats et en renforçant ceux qui existent déjà, notamment dans le domaine de la mobilité régulière et de travail avec les pays tiers.
En ce qui concerne MIEUX+, 2023 sera une année chargée pour l'équipe car nous approchons de la fin de la quatrième phase du programme, actuellement fixée à décembre 2023. L'équipe mettra en œuvre plus de 90 activités, notamment des formations, des ateliers et des sessions d'échange de connaissances en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi que dans le voisinage de l'UE. En outre, de nouvelles formations standardisées sur les compétences de formation et les sujets liés à la migration seront offertes dans le courant de l'année.
Nous publierons régulièrement des informations sur les résultats de ces actions - ne manquez pas les prochaines mises à jour !