Enquête sur les migrations environnementales dans le Gran Chaco sud-américain

MIEUX+ recherche le lien entre la mobilité humaine, l'environnement et le changement climatique dans le Gran Chaco avec un consortium régional de partenaires d'Argentine, de Bolivie et du Paraguay, dont Redes Chaco et le Réseau sud-américain pour les migrations environnementales (RESAMA).

Lumière sur un phénomène complexe

La migration environnementale est un phénomène complexe, qui regroupe des situations aussi variées que celles des communautés dont les récoltes sont menacées par de graves sécheresses, ou celles des habitants des États insulaires qui assistent à l'avancée de la mer sur leur territoire et à ses conséquences. En raison de changements soudains ou progressifs de l'environnement, de plus en plus de communautés indigènes et rurales sont contraintes de quitter leur foyer et de se réinstaller ailleurs.

Outre les événements à évolution lente, les menaces d'origine humaine, telles que les industries qui polluent les eaux et l'atmosphère ou qui ont un impact sur la flore et la faune locales, ont provoqué le déplacement de ces communautés.

À ce jour, aucune recherche ou collecte de données n'a été menée sur les migrations environnementales, et aucun indicateur n'est disponible pour comprendre et donner de la visibilité à un phénomène aussi complexe et aux populations concernées.

L'équipe d'expert.e.s et de partenaires de MIEUX+ est en train de réaliser la toute première étude visant à déterminer le lien entre la mobilité humaine et les changements environnementaux causés par le changement climatique et/ou les activités économiques manufacturières dans des localités spécifiques du Gran Chaco. L'étude analysera la manière dont ce phénomène affecte les personnes en situation de vulnérabilité, en se concentrant sur certaines communautés d'Argentine, de Bolivie et du Paraguay.

Dans le cadre du projet, l'équipe élabore également une série de recommandations de politique publique sur la migration environnementale dans la région, ainsi qu'un outil de contrôle de leur mise en œuvre et de leur suivi.

Le réseau de partenaires MIEUX+ comprend:

- Des autorités gouvernementales infranationales, telles que le Secrétariat d'État aux relations internationales du gouvernement de la province de Tucumán (Argentine), le Sous-secrétariat à la défense civile (gouvernement de la province de Salta, Argentine), le gouvernement régional autonome du Gran Chaco Villa Montes (Bolivie), le Secrétariat départemental de l'environnement et du développement du gouvernement de la province de Boquerón (Paraguay) ;

- des ONGs et des universités, telles que le Réseau Chaco, la Faculté des Sciences Sociales de l'Université Nationale de Cordoba (Argentine), la Fondation Pronorte, la Fondation pour le Développement Productif, et l'Association des Femmes Libres du Nord de Cordoba ;

- des organisations régionales, telles que la Zone d'intégration du centre-ouest de l'Amérique du Sud (ZICOSUR).

 

La migration environnementale a-t-elle épargné la région ?

En avril 2023, l'équipe de MIEUX+ et des expert.e.s européenes, régionaux et locaux ont entrepris un voyage de 14 jours dans la région du Gran Chaco afin de rencontrer et d'amplifier les voix des communautés touchées.

L'objectif de ce voyage était de collecter des informations dans des lieux sélectionnés afin de produire un rapport d'enquête avec des données recueillies lors d'ateliers et d'entretiens avec les parties prenantes locales.

Le voyage a couvert une distance de plus de 3 700 km entre le Chaco aride et humide, vallonné et plat, et la région du fleuve Pilcomayo, le long des territoires de l'Argentine, de la Bolivie et du Paraguay.

L'équipe a organisé 23 réunions et a eu l'occasion de rencontrer plus de 200 personnes, issues de plus de 12 ethnies différentes, en organisant des ateliers participatifs et des entretiens individuels. Elle a notamment réuni des représentants des communautés aymara, chorote, enhlet norte, guarani, manjui, nivaklé, pilagá, quechua, tapiete, toba, weenayek et wichi.

Outre la diversité des communautés et des territoires rencontrés, l'équipe s'est attachée à créer des conditions favorables et à écouter les voix de ceux que l'on n'entend pas habituellement. Elle a consulté des groupes mixtes, mais aussi des femmes et des enfants individuellement, en organisant plusieurs sessions à huis clos.

Les résultats détaillés seront intégrés à l'étude, mais l'équipe a quitté la région du Gran Chaco avec une constat majeur : il semble que le phénomène de migration environnementale n'ait pas épargné la région. Chaque population est confrontée à des défis différents, mais tous sont liés d'une manière ou d'une autre à l'eau.

Que ce soit en raison de menaces d'origine humaine ou d'événements à évolution lente, l'accès à l'eau, les sécheresses, la pollution de l'eau et les inondations extrêmes ont provoqué de plus en plus de déplacements internes dans la région.

Certaines des personnes interrogées ont été contraintes de se déplacer en raison d'inondations extrêmes qui ont rendu impossible l'accès à leurs terres d'origine. D'autres ont dû partir en raison du nombre croissant d'entreprises polluantes et de gestion des déchets construites sur leurs territoires. La sécheresse a empêché certaines communautés de maintenir leur mode de vie basé sur l'agriculture.

 

Un regard sur l'avenir

Sur la base des données collectées, l'équipe MIEUX+ rédige actuellement un diagnostic régional systématique sur les migrations environnementales et présentera les principales conclusions lors d'un séminaire en septembre.

En collaboration directe avec les autorités partenaires, ils produiront également du matériel d'information et de communication dans le courant de l'année et, enfin, des recommandations pour la mise en œuvre et le suivi de la politique.

 

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