Des partenaires réunis au Gran Chaco pour relever un défi commun : la migration environnementale

Le changement climatique, les catastrophes naturelles et la dégradation de l'environnement ont toujours été les principaux moteurs de la migration. Les récents rapports du GIEC (2022), par exemple, démontrent qu'une action climatique accélérée dans la lutte et l'adaptation aux impacts du changement climatique son essentielle au développement durable, y compris le soutien aux communautés pour limiter les impacts associés à la dégradation de l'environnement qui pourrait conduire à la migration.

Le concept de « migration environnementale » a été reconnu pour la première fois en 2018 dans le Pacte mondial pour les migrations (GCM), plaçant ce défi comme l'une des priorités pour les migrants et les États. Au niveau mondial, en 2019, 24,9 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de leur pays en raison de 1900 catastrophes environnementales survenues dans l'année. De ce chiffre, 23,9 millions de personnes ont été déplacées en raison de ces catastrophes. Dans la région de l'Amérique latine et des Caraïbes, entre 2009 et 2017, plus de 20 millions d'incidents signalés de mouvements internes d'individus ont été comptabilisés dans le cadre de catastrophes environnementales.

C'est dans ce contexte que les partenaires de la région du Gran Chaco en Amérique du Sud ont décidé de s'attaquer à ce phénomène en demandant l'aide et le soutien de MIEUX+. Moins connue que la forêt amazonienne, la région du Gran Chaco est une région écologique qui s'étend sur les territoires de quatre pays : Argentine, Paraguay, Bolivie et Brésil. L'Action en cours se concentre principalement sur les trois premiers pays. La région possède la deuxième plus grande biodiversité et zone forestière du continent américain, juste après la forêt amazonienne, et présente une grande diversité environnementale et une grande variété de ressources disponibles.

Du concept à la mise en œuvre du premier projet régional MIEUX+

Comment créer des synergies pour relever ce défi commun ? Quels sont les principaux défis à relever ? Qui sont les groupes cibles et comment prendre en compte la vulnérabilité de certains groupes ? Comment reproduire les pratiques existantes en Europe et dans la région tout en addressant ce phénomène ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles l'Action récemment lancée va répondre.

En réunissant 10 partenaires de différents secteurs (autorités locales et nationales, organisations de la société civile, organisations régionales et universitaires), l'équipe MIEUX+ travaille avec une équipe d'expert.es européen.nes, régionaux.les et locaux.les sur le sujet. Adoptant une approche collaborative, les expert.es et les partenaires travailleront vers un même objectif : analyser la situation de la migration environnementale dans la région afin de prendre des actions informées, en mettant l'accent sur les populations en situation de vulnérabilité telles que les communautés indigènes, les femmes et les enfants.

L'action précédente Équateur II (2019 - 2020) a permis de soutenir les gouvernements locaux d'Amérique latine et des Caraïbes dans la lutte contre les migrations environnementales grâce à un échange de connaissances entre pairs. L'une des principales recommandations du rapport final stipulait de « générer, analyser et diffuser des données relatives aux migrations et à la dégradation de l'environnement, en mettant l'accent sur le genre et les autres populations vulnérables ».

C'est à partir de cette recommandation, entre autres, qu'est né le projet Gran Chaco. Il a pour ambition de créer l'espace nécessaire à la collecte et à l'analyse de données qui pourraient aider les autorités à concevoir et à mettre en œuvre des politiques spécifiques sur la manière de rendre visible la migration environnementale en tant que phénomène socio-environnemental spécifique. En réunissant des acteurs d'Argentine, du Paraguay et de Bolivie, l'objectif est d'harmoniser les efforts et de trouver des solutions qui pourraient fonctionner pour la plupart des pays.

Un autre aspect important de ce projet, ainsi que de MIEUX+ en général, est la réplication et l'approfondissement des pratiques, en combinant une approche multidisciplinaire entre les autorités subnationales, les ONG, les organisations régionales, le monde universitaire et les communautés locales. L'adaptation et la réplication des pratiques est un moyen de renforcer les outils existants et de les adapter à différents environnements. Cela sera particulièrement important pour travailler avec des groupes en situation de vulnérabilité vivant dans la région du Gran Chaco, comme les communautés indigènes.

Comment le projet va-t-il bénéficier aux communautés locales ?

Ce projet a pour cœur les populations vivant dans la région du Gran Chaco. Les conséquences des changements de l'environnement/de la dégradation de l'environnement affectent particulièrement les personnes en situation de vulnérabilité, comme les communautés indigènes, les personnes travaillant dans l'agriculture et les femmes. La position sociale traditionnelle des femmes dans la famille et dans la communauté, combinée au fait que le changement climatique affecte les facteurs essentiels à la vie (eau, nourriture, énergie et autres soins), dont les femmes sont responsables, signifie que les impacts peuvent être plus graves pour elles. En adoptant une approche et une vision intersectionnelles, l'Action Gran Chaco considérera ce phénomène comme multiple, amenant les partenaires à ajuster et adapter leurs pratiques en fonction du degré de vulnérabilité des populations concernées.

Actuellement, 25 groupes indigènes vivent dans la région. Les frontières de la région étant poreuses, les communautés locales se déplacent entre les quatre pays. Le déplacement des indigènes n'est pas un phénomène récent, mais le projet analysera si ces mouvements ont été amplifiés par les récentes catastrophes climatiques et les événements environnementaux extrêmes, qui pourraient exercer une pression supplémentaire sur les communautés de la région, en affectant leur stabilité et leurs moyens de subsistance.

MIEUX+ travaille avec une équipe d'expert.es européen.nes, régionaux.les et locaux.les qui vont aider les partenaires à définir, affiner et concevoir des politiques publiques pour contribuer à une gestion efficace de la migration initiée par la dégradation de l'environnement. Le consortium du projet comprend des chercheurs.ses sur les migrations environnementales, y compris des représentants du Réseau sud-américain pour les migrations environnementales (RESAMA) qui est une initiative pionnière fondée en 2010 pour la coordination et la mobilisation d'expert.es, de chercheurs.ses, et de praticien.nes afin d'inclure le sujet des migrations environnementales dans les agendas publics de la région. En outre, l'experte Giovanna Tipan était auparavant chargée d'élaborer et de mettre en application une politique sur les migrations environnementales dans la province de Pichincha en Équateur. Cette expertise locale et pratique aidera certainement les partenaires et les experts à tenir compte des aspects pratiques lorsqu'ils travailleront sur les recommandations pour la région. Enfin, et c'est important, le projet bénéficie du soutien d'experts et de partenaires du Chaco argentin, bolivien et paraguayen, qui apportent au projet leur expertise et leur connaissance inestimables de la région et de ses dynamiques.

La diversité des partenaires impliqués dans le projet permet également une approche multidisciplinaire lors de la conception de ces politiques et recommandations. Un autre aspect important du projet consiste à définir une stratégie de sensibilisation, notamment auprès des communautés locales.

Prochaines étapes et autres informations

Léa Monteillet et les expert.es MIEUX+ ont participé à l'événement "Dialogues pour el Gran Chaco" organisé par le Réseau Chaco (Redes Chaco) entre le 13 et le 15 juin 2022. L'Action a été officiellement lancée lors de cette conférence qui a compté avec la participation de représentants de l'UE dans la région, d'organisations internationales ainsi que de communautés locales. Une table ronde organisée le mardi 14 juin a donné le coup d'envoi des discussions qui serviront de point de départ aux prochains livrables : rapport d'enquête, diagnostic régional, stratégie de communication et de sensibilisation, recommandations pour les politiques publiques et outil de contrôle du suivi de la mise en œuvre des politiques publiques.

Pour plus d'informations sur ce thème et sur la région, nous vous invitons tous à consulter les liens suivants :

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